Steve Jobs a été le visage public de certaines des plus grandes innovations technologiques du 21e siècle. Mais en privé, il était connu pour sa passion pour la culture japonaise. Il affectionne particulièrement Kyoto et en 25 ans il apprend à bien connaître l'ancienne capitale japonaise.
Quinze pierres
En ce qui concerne Kyoto, Oshima Hiroshi était l'homme de Steve Jobs. Oshima a travaillé comme chauffeur et guide touristique pour Jobs lors de quatre voyages, le plus récent en 2010, un an seulement avant la mort du fondateur d'Apple. Jobs avait une vague idée de ce qu'il voulait voir, mais a laissé les détails à Oshima.
Au fil des ans, les deux se sont rapprochés et Jobs a donné à Oshima son adresse et son numéro de téléphone, l'exhortant à appeler s'il avait jamais la chance de visiter les États-Unis. Oshima dit qu'il a même demandé en plaisantant à Jobs de nommer l'un des produits Apple "Hiro".
Oshima dit que l'une des destinations préférées de Jobs était Ryoanji, un temple zen vieux de 500 ans connu pour son jardin de pierres. Oshima y a emmené Jobs trois fois.
"Lors de notre première visite, je lui ai parlé de la composition visuelle unique du temple", explique Oshima. "Le jardin a quinze pierres, mais vous ne pouvez pas les voir toutes à la fois d'un point."
Oshima dit que Jobs a immédiatement vérifié si cela était vrai. Il marcha, cherchant l'endroit parfait pour voir le jardin, mais ne le trouva pas.
Puis j'ai expliqué la signification du nombre : 15 signifie 'être complet'. Dans le passé, les hommes étaient reconnus comme atteignant l'âge adulte à l'âge de 15 ans. Une nuit de pleine lune est appelée « Jyugoya », ou quinzième nuit. La raison pour laquelle nous ne trouvons pas les 15 roches, c'est que nous sommes encore en travaux ».
Oshima dit que Jobs a semblé accepter cela et a hoché la tête, gardant les yeux sur le jardin. Des années plus tard, il emmena ses enfants au temple et leur raconta ce qu'Oshima lui avait expliqué.
Jobs a parlé de l'influence du bouddhisme zen sur sa vie dans sa biographie autorisée : « J'ai toujours trouvé le bouddhisme, en particulier le bouddhisme zen japonais, esthétiquement sublime. Les plus sublimes que j'ai vus sont les jardins autour de Kyoto. Je suis profondément touché par ce que cette culture a produit, et c'est directement lié au bouddhisme zen.
"Je veux un jardin comme celui-ci."
En juillet 2010, Oshima emmenait Jobs dans un quartier chic près du temple Nanzenji. Une résidence en particulier a attiré l'attention de Jobs. C'était la Villa Nomura, achevée en 1928 par Nomura Tokushichi, le fondateur de Nomura Securities. La résidence est connue pour son jardin immaculé et a été désignée comme bien culturel d'importance nationale. Mais il est rarement ouvert au public.
"Je lui ai dit qu'il serait impossible d'entrer, mais il a dit qu'il pouvait trouver un moyen", explique Oshima. "Il a appelé sa secrétaire aux États-Unis et dix minutes plus tard, j'ai reçu un appel du siège de Nomura disant que nous avions une réservation pour une visite personnelle le lendemain."
À leur retour, un interprète attendait Jobs. Oshima attendait dehors dans la voiture.
"Quand il est revenu une heure plus tard, il a dit : 'J'aimerais avoir un jardin comme ça.'
Dernier déjeuner
En matière de cuisine japonaise, Oshima dit que Jobs a toujours aimé les soba et que son restaurant préféré était Misoka-an Kawamichiya, une boutique près du ryokan Tawaraya, où il séjournait toujours lors de ses visites.
"Une fois, j'ai essayé de l'emmener dans un autre endroit, mais il n'a pas fini son repas", raconte Oshima. "Il m'a demandé de le ramener à son endroit habituel pour manger."
Jobs aimait aussi les sushis et, le dernier jour de son dernier voyage à Kyoto, il a emmené sa famille déjeuner au restaurant populaire Sushiiwa. Pendant que sa femme et sa fille planifiaient le menu du cours, Jobs a demandé conseil au propriétaire.
"Il m'a demandé des sushis de saison", se souvient Ohnishi Toshiya, propriétaire de Sushiiwa.
Ohnishi a commencé Jobs avec des sushis de plie, puis des calmars et des crevettes. Quand il a eu besoin du taureau, la partie grasse du thon, Jobs s'est soudainement tu. Ohnishi a demandé s'il y avait quelque chose qui n'allait pas.
« Il m'a demandé ce qui fonctionnerait ensuite et je lui ai dit que je n'avais pas encore décidé. Il m'a dit de continuer à servir le taureau jusqu'à ce qu'il me demande d'arrêter.
Le taureau venait d'Oma City, préfecture d'Aomori. Le thon local est célèbre pour sa viande grasse. Ohnishi dit qu'il a servi six morceaux d'affilée.
"Il m'a dit qu'il n'avait jamais mangé d'aussi délicieux sushis", raconte Ohnishi.
À la fin du repas, Ohnishi a demandé un autographe de Jobs pour sa fille. Le fondateur d'Apple a rarement accepté de telles demandes, mais, peut-être de bonne humeur pour la nourriture, il a dit qu'il serait heureux de le faire. Ohnishi souhaitait qu'il revienne bientôt, mais Jobs a dit que ce serait difficile.
« Il m'a dit qu'il souffrait d'une maladie grave et que ce pourrait être son dernier voyage à Kyoto. C'était choquant d'entendre ça. Il m'a également demandé de livrer des sushis chez lui aux États-Unis s'il ne pouvait pas retourner dans mon restaurant. '
"Toutes les bonnes choses"
L'autographe de Jobs orne désormais le mur de Sushiiwa. Il est accompagné d'un message : "Toutes les bonnes choses", une version abrégée du dicton "Toutes les bonnes choses ont une fin".
"Il y a de fortes chances qu'il sache quand sa vie se terminerait, car il n'est mort qu'un an plus tard", explique Ohnishi. "C'est peut-être pour cette raison qu'il a choisi de ne pas écrire la phrase entière et n'a laissé que les trois premiers mots."
Six ans après la visite de Jobs, un visiteur du restaurant a été particulièrement surpris de voir l'autographe de Sushiiwa. John Sculley a rejoint Apple en tant que PDG en 1983, convaincu par Jobs lui-même de quitter son emploi chez PepsiCo. Mais les deux avaient leurs différences, ce qui a conduit au tristement célèbre départ d'Apple deux ans plus tard.
En 2016, Sculley s'est arrêté chez Sushiiwa pour manger. Ohnishi lui a parlé de la visite de son ancien partenaire, et malgré la fin difficile de leur relation d'affaires, Sculley a fondu en larmes.
« Il m'a dit que depuis qu'ils avaient pris leur retraite de la première ligne des affaires, ils pouvaient déguster des sushis au restaurant préféré de Steve et passer du bon temps ensemble », explique Ohnishi. "Mais il est mort et est maintenant au paradis."
Regardez l'incroyable vidéo sur la passion de Steve Jobs pour le Japon :
La passion secrète de Steve Jobs | NHK WORLD-JAPON à la demande https://www3.nhk.or.jp/nhkworld/en/ondemand/video/3004698/
Traduit par NKK
